Lettre au "Monde"

Publié le par DesVeys

A la suite de la parution le 16 décembre dans le journal "Le Monde" de la double page  sur l'Espéranto, voici la copie de la lettre que j'ai envoyée à ce journal:

                                                                        Monsieur,

  Je suis un lecteur régulier et toujours très attentif de votre journal dont j'apprécie la tenue, la qualité et l'objectivité.

  Je n'ai jamais jugé utile de vous faire part de remarques personnelles que j'aurais pu faire concernant tel ou tel article...

  Mais je tiens aujourd'hui à vous dire mon ...étonnement à propos d'une mention d'apparence tout à fait anodine voire insignifiante portée sur les deux pages 16 et 17 de votre numéro 20496 du 16 décembre dernier et consacrées à l'Espéranto.

Cette mention (en haut et à droite) est la suivante: "Publicité".

"Publicité" dites-vous!

"Publicité"! Alors quoi, selon vous, l'Espéranto serait donc une simple marchandise à vendre? L'Espéranto ne serait qu'une valeur commerciale ordinaire? L'Espéranto ne serait que le vecteur d'intérêts mercantiles classiques?

   Permettez-moi dans cas de vous exprimer mon étonnement de vous voir aussi ignorants de la haute valeur humaniste de cette langue...

Ne considérez-vous pas combien sa valeur culturelle de rassemblemnt dépasse de loin toute évaluation commerciale?

Ne voyez-vous pas toute la générosité désintéressée que portait son inventeur qui avait renoncé à tous ses droits d'auteur?

Ne comprenez-vous pas tout l'intérêt de cette langue-pont que chacun fait l'effort d'apprendre pour mieux comprendre l'autre sans qu'aucun des deux ne se sente en situation d'inégalité par rapport à l'autre?

  L'idée d'une langue internationale n'était-elle pas l'espoir de grands penseurs de Descartes à Gandhi et   Goethe en passant par Einstein, Tolstoï et tant d'autres ?

  Le monde actuel se porte-t-il si bien qu'il puisse rejeter d'un revers de main (souvent dédaigneux) l'idée même de l'essai du développement international et interconsenti de cette langue? 

L'Espéranto n'apporte-t-il pas la preuve, plus de 120 ans après sa création, que c'est une langue qui fonctionne, que c'est une langue vivante, une langue qui permet tous les jours des échanges directs entre des gens qui n'ont pas la même langue maternelle?

   Vous n'ignorez sans doute pas le nombre d'occurences obtenues si vous tapez le mot "Espéranto" sur un moteur de recherche (31 200 000 sur Google). Cela ne vous fait-il pas prendre conscience de l'intérêt croissant que le monde entier porte à cette langue?

  Je sais bien qu'actuellement les adversaires de l'Espéranto objectent que c'est l'anglais qui est devenu, de fait, la langue internationale. Mais, outre le fait qu'il s'agit  d'une langue nationale qui impose, qu'on le veuille ou non, de part sa structure, une vision particulière du monde , sa maîtrise est loin d'être obtenue par tout le monde et les bénéfices qu'en retirent ses locuteurs naturels sont tout simplement exorbitants vis-àvis des autres humains.

 Pensez-vous vraiment que l'on puisse fonder un équilibre durable sur un tel déséquilibre linguistique? La situation hégémonique de l'anglais ne porte-t-elle pas en germe de futurs affrontements économiques avec les pays asiatiques où cette langue commence à susciter des réactions de rejet comme le faisait justement remarquer Monsieur Miyoshi dans une de ses conférences?

  Alors vraiment, publier ces deux pages sur l'Espéranto avec la mention" Publicité" n'est-ce pas faire preuve d'une certaine légéreté voire d'un certain mépris pour la valeur éminemment humaniste de cette langue?

  N'aurait-il pas été plus judicieux et plus honnête de les placer parmi les pages "Culture" d'autant plus que vous précisez bien qu'elles sont proposées grâce à un annonceur privé, monsieur Etsuo Miyoshi dont la sensibilité ne peut qu'être froisée d'une telle catégorisation?

Je vous demanderai donc humblement de vouloir bien y réfléchir lors d'éventuelles prochaines parutions.

  Je vous remercie de m'avoir lu et je vous prie de croire , monsieur, à l'expression de mes salutations distinguées.

                                                                 Francis Desmares.

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